N° didentification : GQM00256
COMMUNIQUÉ 2
Rapport de la Commission sur la gestion de leau au Québec
LA COMMISSION SOPPOSE
À LEXPORTATION MASSIVE DEAU DOUCE
Québec, le 3 mai 2000 Dans son rapport remis au ministre de lEnvironnement, M. Paul Bégin, la Commission sur la gestion de l'eau au Québec soppose à lexportation massive d'eau douce par voie de dérivation ou de pipeline, ou encore par citernes ou en contenants en vrac.
La Commission analyse dabord lhypothèse de lexportation de leau au moyen de dérivations pour satisfaire une demande possible des milieux agricoles américains à des fins dirrigation. Cette hypothèse de dérivations massives est à ses yeux peu plausible. Il faudrait en effet réaliser dimportants travaux de dérivation depuis les Grands Lacs pour acheminer leau du Canada vers les États-Unis, et d'autres travaux pour détourner vers les Grands Lacs des rivières du Nord. Les coûts de tels travaux seraient exorbitants et rendraient les projets non concurrentiels. De plus, les répercussions écologiques sur les Grands Lacs seraient probablement très importantes, surtout dans lhypothèse de plus en plus plausible des changements climatiques.
L'autre hypothèse de lexportation massive de leau douce suppose le transport de l'eau au moyen de citernes ou autres contenants en vrac depuis le Québec vers les pays du Moyen-Orient. Mais là, encore, les coûts de transport seraient plus élevés que les coûts de dessalement de l'eau de mer. Lhypothèse de l'exportation par bateaux-citernes est donc également peu vraisemblable.
À la question de l'exportation massive de l'eau douce, la Commission répond donc par un non catégorique. " Une stratégie d'exportation massive nest probablement pas rentable et constitue un risque écologique à éviter. Ce serait une stratégie imprudente dans létat actuel de nos connaissances et des incertitudes liées aux changements climatiques ".
À court terme, la Commission recommande au gouvernement du Québec de donner un caractère permanent à la Loi visant la préservation des ressources en eau. En ce qui concerne le gouvernement fédéral, plusieurs groupes ont demandé une renégociation des accords de lALENA en vue dy interdire l'exportation massive d'eau douce. " Avant dappuyer une telle requête qui semble a priori séduisante, la Commission estime quil faudrait analyser l'ensemble de lALENA pour évaluer prudemment ce que le Canada peut gagner et perdre en renégociant laccord ".
" À long terme toutefois, dit la Commission, il sera important délaborer un cadre conceptuel éthique et juridique plus large pour être en mesure de régler les différends si des situations graves de pénurie devaient se présenter. Pour être crédible et cohérent, le Québec devra, pour sa part, mettre en place sur son propre territoire une gestion de leau hors de tout soupçon ".
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SOURCE :
Serge Labrecque, agent dinformation
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